"La transparence est une notion pour laquelle l'extraordinaire diversité des acceptions s'accompagne d'une ambiguité fondamentale."
Depuis une dizaine d’années, on a pu remarquer un réel engouement de l’opinion publique pour la notion de « transparence » : le gouvernement, les dirigeants, les comptes des entreprises, les salaires des patrons, les programmes des partis politiques, les émissions de télévision, les sources des journalistes… Autant de domaines auxquels s’applique un idéal de transparence diffus.
Mais qu'est-ce, exactement, que la transparence? Un idéal démocratique vers lequel il faudrait tant bien que mal essayer de tendre, fût-il impossible à atteindre? Ou bien au contraire l'incarnation d'une société si bien décrite par George Orwell, où la démocratie aurait disparu derrière une transparence totale? L'un et l'autre, justement. La transparence étant toujours transparence de quelque chose, elle est toujours relative à un objet, en fonction duquel elle peut prendre les formes les plus lumineuses ou les plus sombres. En elle même, la transparence ne dit rien d’autre que l’invisible. L'imprenable. C'est pourquoi, si nous ne voulons pas qu'elle nous échappe, il faut revenir sur ses vertus et ses vices afin, au moins, de comprendre son ambivalence.
Si la transparence a pu être un idéal moteur dans le développement des démocraties, poussé à son paroxysme, cet impossible peut se révéler dangereux pour nos libertés. Au travers d'exemples tirés de l'architecture, des médias, de l'entreprise ou encore de la scène politique ou juridique, Thierry Libaert dresse un excellent tableau des paradoxes de la transparence. Synthétique et limpide, l'ouvrage se lit facilement, et redonne à penser nos idéaux et nos réalités.
Quleques citations...
« Le raisonnement est logique : l’opacité dissimule, donc elle est au mieux suspecte, généralement coupable. »
« L’affirmation que tout peut être vu, photographié, imprimé est, derrière une apparence de liberté, une ouverture aux pouvoirs économiques des médias. »
« La transparence en actes est une transparence accueillie, reconnue, ce qui la distingue de la transparence en puissance, transparence voilée et solitaire, transparence sans spectateur. »
« L'écrit intime enseigne déjà les limites de la transparence. »
« Le régime totalitaire exige une transparence absolue du corps social, mais sa gouvernance est opaque. »
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