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CULTURE & CIE

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CULTURE CIE & VOUS

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13 avril 2008 7 13 /04 /avril /2008 00:05
Huang Yan, Plum, 2007 huile sur toile 200 x 200cm - - Photo : courtesy Galerie Albert Benamou

Lorsque, en 1999, Huang Yan a commencé sa série de peintures tirée des fameuses photographies intitulée « Paysages chinois » - paysages peints sur la peau d’un corps humain - son travail fut immédiatement remarqué par les plus importants conservateurs, y compris Feng Boyi et Ai Weiwei, qui ont sélectionné plusieurs tirages pour leur explosive exposition « Fuck Off » à Shanghai en 2000.

Un nouveau paysage chinois…

Peu d’artistes ont si bien réussi à capter simultanément fusion et paradoxe résultant de la rencontre entre la culture traditionnelle chinoise et le monde contemporain. Le travail de Huang Yan fait essentiellement référence au patrimoine culturel chinois en abordant le thème du paysage : les paysages sont devenus la quintessence de l’art chinois depuis les premières peintures de la dynastie Han et l’apothéose de la théorisation de la peinture du paysage durant la dynastie Song.

Pourtant, Huang Yan rompt ce patrimoine en lui donnant une nouvelle orientation : en le transposant sur le corps humain. Le corps a été très rarement utilisé dans la culture ancienne de la peinture, mais a joué un rôle essentiel dans le développement de l’art contemporain en Chine depuis la fin des années 1970.

En faisant de la peau un morceau de papier peint, l’artiste amène le spectateur à se demander si l’objet de son travail est le corps ou la peinture, rappelant évidemment la démarche de Magritte, mais en poussant encore plus loin le métalangage. S’agit-il d’un corps peint, ou d’un paysage ? S’agit-il d’un visage, ou de la branche d’un prunier ? Comme le corps se déplace, l’objet peint prend forme… ou prend une autre signification. Ainsi la branche d’un saule s’installe-t-elle dans le paysage de premier plan.

Huang Yan multiplie les possibilités de la peinture du paysage en les transposant ainsi, dans une constante référence à la chair et au corps. Puis il se jette dans la création de scènes, où le paysage devient corps tatoué, partie d’un décor digne d’un studio de théâtre ou de photographie.

… Le paysage corporel

« Le paysage est une forme d’expression de moi-même… C’est une position de tranquillité et un endroit pour stocker mon corps, dit-il. C’est ma résistance contre ce monde de conflits et un moyen de libérer mes idées. » Le corps arriverait-il à se confondre avec le paysage au point d’en devenir un lui-même ? Pas si sûr, car évidemment, il s’agit d’une mise en scène, d’un tatouage provisoire, d’un certain « mouvement » du corps, ou plutôt… de la peinture sur le corps.

On ne peut en effet s’empêcher de faire le lien avec l’art de la performance scénique (Xingwei yishu), art qui a marqué les débuts de l’art contemporain en Chine et dont le principal support est évidemment le corps. Si le corps reste un tabou évident en Chine, les artistes contemporains ne cessent de détourner son image et son usage, au point qu’il est devenu l’une des principales sources d’inspiration des créateurs, dans tous les arts visuels. Huang Yan participe donc avec brio à la tendance actuelle, faisant du corps un support essentiel de son travail tout en n’en montrant rien de ce que l’on pourrait attendre. L’objet corps s’efface pour ne laisser place qu’au corps comme support, faisant de la chair à la fois le pivot et la chose cachée de l’oeuvre. Quand le corps devient simple paysage, « fond semblant » a-t-on envie de dire, il est à l’abri de toute accusation subversive…

A noter...

ArtParis stand B2
Grand Palais, du 2 au 7 avril 2008
Galerie Albert Benamou
Photo : Huang Yan, "Plum", 2007 huile sur toile 200 x 200cm - Courtesy Galerie Albert Benamou

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