Le dernier livre de Julliard aurait dû s'appeler "L'Acédie française". Editeur oblige, nous voilà avec un titre peu motivant: "Le Malheur français". Après le très synthétique et très brillant essai de Nicolas Baverez, "La France qui tombe", sorti il y a maintenant près de deux ans et ayant lancé la mode des "déclinologues", l'ouvrage de Jacques Julliard peut se trouver face à une certaine lassitude. Moins à gauche que nous aurions pu l'imaginer, le plaidoyer de Jacques Julliard a l'avantage de l'honnêteté intellectuelle et d'une conclusion sociale libérale qu'il faudrait urgemment diffuser. Sur le sujet, l'essai de Nicolas Baverez est peut-être plus complet en termes de chiffres mais "Le Malheur français" mérite d'être lu, pour lui-même ou en complément. Julliard rejoint ici le style engagé et souvent ironique de ses compères qui analysent l'actualité à chaud tout en ayant le recul intellectuel nécessaire. Si son petit livre est loin de laisser sa langue dans sa poche, il est aussi fort bien argumenté et étayé d'exemples précis. Ainsi la double casquette de journaliste et d'historien de l'auteur lui permettent de proposer des analyses intéressantes qui se piquent d'humour et de cynisme tout en étant souvent très fines et toujours pertinentes. Partant du 21 avril, des manifestations françaises incessantes ou des démissions à répétition des Ministres de l’Education, l’auteur ne se contente pas de synthétiser les malheurs français, il se risque aussi à proposer des solutions. Il fait nul doute que la crise que nous traversons en ce moment aurait sa place dans cet ouvrage: saviez-vous que les syndicats ne représentent que 7% de la population active française? Que nous avions le taux de syndiqués le plus bas d'Europe et... Les mouvements de rue les plus efficaces?
Affaire à suivre...