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CULTURE & CIE

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CULTURE CIE & VOUS

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10 mars 2008 1 10 /03 /mars /2008 18:41
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Deux ans après l’exposition personnelle de Michel Gouéry « Kiss me, I’m E.T », la galerie Deborah Zafman accueille la nouvelle proposition de l’artiste, centrée sur une série inédite de « Têtes », études très particulières sur le visage, mais aussi fascinante collection de trophées. Sont également présentés deux personnages hybrides, véritables idoles posées sur leur socle, des petits « tableaux fétiches », un hommage à Cy Twombly, ou encore une grande installation murale rappelant les obsessions d’un artiste qui se consacre désormais entièrement à la céramique émaillée.

Gouéry-fiction...

Le grand décor mural est constitué de multiples éléments juxtaposés, reprenant quelques-unes des obsessions de l’artiste – ossements et autres fragments anatomiques, têtes roses de poupons, champignons et motifs de billes en relief tirés de la passion de l’artiste pour les trilobites (fossiles marins disparus)… L’on découvre une composition élégante et légère, plus proche du dessin que de la sculpture. Le visiteur est invité à se rapprocher pour observer chacun des éléments en détail, comme s’il s’agissait de curiosités issues d’un cabinet de collectionneur.

Gouéry nous offre d’autres curiosités avec sa « galerie de portraits », soit une dizaine de visages bizarres, grotesques, probables et improbables à la fois. Loin de la morbidité de têtes coupées, il s’agit plutôt de jouer avec les codes de la représentation des humanoïdes et autres êtres hybrides en s’inspirant du cinéma et des séries télé comme « Babylon 5 », de leurs maquillages et prothèses. C’est aussi l’occasion rêvée pour explorer avec humour un répertoire de formes, et ce à partir de moulages très neutres. L’on retrouve ainsi la recherche constante de l’artiste de formes nouvelles et ambiguës, ainsi que son goût pour le jeu et le bricolage.

Glorification...

Gouéry célèbre ainsi le pouvoir de l’imagination délirante et nous invite à sentir, à notre tour, le plaisir suscité par le travail de la terre, en s’attachant à la dimension tactile et sensuelle de ses œuvres, c’est-à-dire du corps et de ses chairs.

Chaque visage est aussi, selon l’artiste, un trophée : objet offert après une victoire – conquise sur la matière ? – ou dépouille d’un ennemi vaincu et exposée en public. Ce sont également des têtes-trophées qui entourent le personnage assis sur un « trône », offrandes sacrificielles en l’honneur de cette idole hiératique. Celle-ci tient à la fois de la déesse, mère garante de la fertilité et de la création, et du dieu des Égyptiens Amon-Min représenté en bas-relief avec le phallus en érection. Une sorte de figure de la Mère universelle, divinité de l’amour et de la mort, qui inspire mystiques et poètes et explique tous les mystères ?
Une autre possible idole se découvre avec le second personnage, « bestiole » bleue-verte debout sur un socle, qui nous tient à distance. Elle aussi est flanquée de deux formes ovales, visages ou masques primitifs.

Nous sommes tentés de lire dans cet ensemble une réflexion sur l’Incarnation, qui a légitimé l’usage des images, usage toujours remis en cause par les iconoclastes lorsque celui-ci tourne à l’idolâtrie. Cette réflexion se double d’une mise en garde contre notre tendance à l’idolâtrie – l’idole étant depuis longtemps passée du champ religieux au champ artistique, pour finir sur un socle et dans une cage de verre dans un quelconque musée.

Les petits « tableaux » jouent sur la capacité qu’ont les formes à représenter des motifs abstraits ou plus décoratifs. Gouéry les considère comme des sortes de fétiches. Ce pouvoir magique de l’objet semble moins venir d’un esprit clandestin que de la main même de leur créateur, et sans doute l’émail possède-t-il des vertus singulières… Gouéry-fétichificateur ?

Ainsi se dessine une réflexion sur notre capacité à faire forme, sur la nature du sacré et ses (jouissifs ?) détournements, et sur ce que ces multiples « incarnations » nous apprennent finalement de nous-mêmes. Gouéry parvient ainsi à tirer un trait d’union entre sexualité et création, en se jouant de tous nos fétichismes.

gouery-image-art-expo-culturecie.com.jpgA noter...

Gouéryfication
Michel Gouéry

15 mars – 26 avril 2008
Vernissage le samedi 15 mars de 18h à 21h.


Galerie Deborah Zafman
Le laboratoire des suppositions
5 passage des Gravilliers
75003 Paris

Du mardi au samedi de 14h à 19h
01 40 29 46 74

www.deborahzafman.com

Photos: prises à l'atelier par Michel Gouéry

Les expos sur CultureCie...

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