Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

CULTURE & CIE

lire      écouter  voir  sortir   personnalités           films      expos  musique    news art    romans    concerts     ...

Rechercher

CULTURE CIE & VOUS

PARTENAIRES

22 janvier 2007 1 22 /01 /janvier /2007 22:15

Nous sommes à Paris, rue de Grenelle, dans un très bel immeuble du septième arrondissement, habité depuis vingt cinq ans par les mêmes copropriétaires. La gardienne est Mme Michel, une femme étonnante de lucidité, d’intelligence et de culture, qualités qu’elle s’efforce avec soin de cacher pour ressembler au plus près à sa condition de concierge et à l’idée que les gens s’en font.

Au cinquième étage habite Paloma, une enfant de douze ans surdouée, hypersensible, tétanisée par sa famille et son entourage, dégoûtée de la vie avant d’avoir vécu. Elle aussi dissimule du mieux qu’elle peut son « avance » intellectuelle, mais heureusement, nous parle dans son journal avant son suicide programmé pour le jour de son prochain anniversaire.

A la suite d’un deuil survenu dans l’immeuble, un appartement est repris par un certain M. Ozu, japonais, riche, raffiné et subtil. M. Ozu cernera dès son arrivée les personnages étonnants de cette petite communauté et délicatement les rapprochera de lui, d’abord, ensemble ensuite, d’eux-mêmes dans un troisième temps.

On peut entendre l’auteur dans une interview dire que l’histoire de son roman est anecdotique, un prétexte comme un autre pris pour parler de ce qu’elle aime, ce qu’elle pense. Dans la vie, Muriel Barbery est professeur de philosophie et l’on rêverait d’être son élève tant elle est captivante dans tous les sujets qu’elle aborde, et ceux-ci sont nombreux. Une professeur de philosophie foncièrement drôle, dont le sens de l’humour inouï est décuplé par le choix judicieux de ses personnages.

Difficile de quitter ce livre: tout se passe dans la vie exactement comme la concierge et l’enfant le racontent, et l’on souhaiterait que des M. Ozu existent vraiment!
Après avoir lu « L’Elégance du hérisson » il est plein d’autres urgences qui s’imposent: visiter les musées, admirer les toiles de Vermeer, s’intéresser à la culture japonaise, tant littéraire que cinématographique ou culinaire, retrouver une amie délaissée, regarder autrement une enfant silencieuse, écouter ou réécouter le requiem de Mozart, lire ou relire Tolstoï, saluer différemment les gardiennes d’immeubles… toutes ces choses dont Muriel Barbery nous a parlé si joliment dans son livre.

Extraits choisis...

« Je suis sauvée par l’incapacité qu’ont les êtres à croire à ce qui fait exploser les cadres de leurs petites habitudes mentales. Une concierge ne lit pas L’idéologie allemande et serait conséquemment bien incapable de citer la onzième thèse  sur Feuerbach. De surcroît une concierge qui lit Marx lorgne forcément vers la subversion, vendue à un diable qui s’appelle CGT. Qu’elle puisse le lire pour l’élévation de l’esprit est une incongruité qu’aucun bourgeois ne forme.
- Direz bien le bonjour à votre maman, je marmonne en lui fermant la porte au nez… » (page 14)

« Parmi les personnes que ma famille fréquente, toutes ont suivi la même voie: une jeunesse à essayer de rentabiliser son intelligence, à presser comme un citron le filon des études et à s’assurer une position d’élite et puis toute une vie à se demander avec ahurissement pourquoi de tels espoirs ont débouché sur une existence aussi vaine. Les gens  croient poursuivre les étoiles et ils finissent comme des poissons dans un bocal. Je me demande s’il ne serait pas plus simple d’enseigner dès le départ aux enfants que la vie est absurde. Cela ôterait quelques bons moments à l’enfance mais ça ferait gagner un temps considérable à l’adulte - sans compter qu’on s’épargnerait un traumatisme, celui du bocal… » (page  20)

« Ça fait un moment que j’ai aussi des soupçons à son propos. De loin, c’est bien une concierge. De près… eh bien de près, il y a quelque chose de bizarre… Comment dire? Elle respire l’intelligence…
Mme Michèle, elle a l’élégance du hérisson : à l’extérieur, elle est bardée de piquants, une vraie forteresse, mais j’ai l’intuition qu’à l’intérieur, elle est aussi simplement raffinée que les hérissons, qui sont des petites bêtes faussement indolentes, farouchement solitaires et terriblement élégantes. » ( p153)

MVmail4-281107.jpgInfos...

Paru le 31 août 2006
Chez Gallimard
20 euros

Voir aussi sur CultureCie...

2226173579_01__aa240_sclzzzzzzz_.jpg2846821216.01.jpg henri_pons.jpg
Partager cet article
Repost0

commentaires