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CULTURE & CIE

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25 septembre 2006 1 25 /09 /septembre /2006 15:26


"La douleur et la beauté naissent dans le même temps, dans le même mouvement, dans le feu de la création."

 
Cyrulnik thématise ici le concept de "résilience", le fait, par exemple, de chanter pour tenter d'échapper à ses vieux démons, d'enjoliver l'expérience des camps en attérissant dans une famille qui nous maltraite ou de peindre pour... Survivre! C'est en ce sens que le psychanalyste parle de "merveilleux malheur": "ce n'est pas le malheur qui devient agréable! Au contraire! C'est la représantation du malheur qui affirme la maîtrise du traumatisme et sa mise à distance en tant qu'oeuvre socialement stimulante." 
 
La résilience est une manière de réagir aux violences, aux humiliations ou aux traumatismes vécus dans l’enfance. Julia Kristeva fait très justement remarquer que le mot, courant en langue anglaise, « désigne, pour les sciences physiques, l’aptitude des corps à résister à un choc. En indiquant moins le fait d’encaisser que celui de rebondir, moins donc de se résigner mais de se refaire, la résilience équivaut, dans les sciences sociales, à la capacité à vivre et à se développer positivement, en dépit des traumatismes et des négativités diverses » (Julia Kristeva, Chroniques du temps sensible, « Connaissez-vous la résilience ? », p.93). Une manière d’être acteur ou actrice à partir et malgré ces expériences difficiles. Nous préciserons aux lecteurs pressés et encore prisonniers de leurs « résistances » face à la psychanalyse que les « vilains petits canards » de Boris Cyrulnik englobent une réalité qui concerne tout le monde et qui ne se limite pas, loin de là, aux prisonniers de guerre ou aux "défavorisés". Ainsi Gustave Flaubert est-il sans nul doute un « résilient », lui qui était pourtant, selon le titre de l’ouvrage de Jean-Paul Sartre « l’idiot de la famille »: vous pensez que la mère de Flaubert aurait pu présager que cet enfant muet saurait écrire un jour? Boris Cyrulnik entame son livre sur les mots de Barbara :

« Je suis née à l’âge de vingt-cinq ans, avec ma première chanson. »

- Avant?

- Je me débattais

« Il ne faut jamais revenir

Aux temps cachés des souvenirs…

Ceux de l’enfance vous déchirent. » (Barbara, Mon enfance, 1968)

L’instant fatal où tout bascule tranche notre histoire en deux morceaux.

- Avant?

- "J'ai dû me taire pour survivre. Parce que je suis déjà morte, il y a longtemps - mais je m'en suis sortie, puisque je chante." (Paris Match, 1964)

- Sortie? Il y a donc une prison, un lieu clos d'où l'on peut s'évader - la mort n'est pas sans issue?"

 

Cyrulnik n'est pas Alice Miller: son écriture est un peu plus ardue que celle de la psychanalyste allemande, mais le livre est accessible à tous. Et puis on a tous été, à un moment ou à un autre de notre existence, un "vilain petit canard": mauvais élève, enfant agité, adolescent rebel ou souffre douleur d'un tyran qui s'est mis en travers de notre route... La résilience, c'est le processus par lequel on survit à partir de ces souffrances. Le processus par lequel la "fêlure" a fait de certains des écrivains, des chanteurs ou des peintres.
Une jolie traversée de l'inconscient...

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