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CULTURE & CIE

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CULTURE CIE & VOUS

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12 avril 2008 6 12 /04 /avril /2008 22:43


Pour sa dixième édition, la foire d’art moderne et contemporain Artparis accueillait 115 galeries françaises et étrangères au Grand Palais. Souvent présentée comme la petite soeur plus française et moins branchée que la Fiac, Artparis est pourtant dotée d’organisateurs qui entendent bien en faire une foire d’envergure internationale: « avec 40% de participants étrangers et un renouvellement de 95 % des galeries, en 9 ans Artparis est devenu l’un des rendez-vous incontournables de la scène artistique européenne ». Verdict sur le terrain.


Figuration Narrative & Nouveau Réalisme

Le surlendemain du vernissage, vendredi 4 avril à l’heure du déjeuner, peu de monde se presse dans les allées du Grand Palais. L’atmosphère est feutrée, les collectionneurs questionnent discrètement les galeristes, qui semblent plutôt désoeuvrés. De prime abord, l’activité n’a pas l’air débordante, mais les galeries affirment être très satisfaites.

Adam Rzepka - Sans titre, 2006 - Photo Galerie Louis Carré & cie
Plusieurs galeries ont choisi de mettre l’accent sur des mouvements artistiques historiques français : la Figuration Narrative d’abord, qui sera le thème de la prochaine exposition du Grand Palais, succédant justement à Artparis. La galerie Louis Carré & Cie consacre ainsi un solo show aux toiles récentes de Erró. La galerie a fait un « sold out » avec ses petits formats: à seulement 7 000 euros pièces, pour l’un des plus fameux représentants de la Figuration Narrative, une soixantaine de tableaux ont rejoint diverses collections privées. Philippe Pasqua, Sam Francis et Villeglé ont largement attiré les acheteurs sur le stand de la galerie LC qui a vendu une vingtaine d’oeuvres au total.

Dans la même mouvance, Bernard Rancillac et Jacques Monory sont à l’honneur dans les galeries de Lélia Mordoch et Sonia Zannettacci tandis que des oeuvres de Peter Klasen sont présentées chez San Carlo, et on retrouve celles de Valerio Adami chez Templon, qui elle a vendu une vingtaine de pièces, la plus onéreuse étant une toile de Garouste, à 85 000 euros.

Le Nouveau Réalisme est la deuxième tendance du salon, notamment représenté par de belles pièces de Jacques de Villeglé, Arman, César et Christo chez Christophe Gaillard, chez lequel nous retrouvons aussi le travail de
Tianbing Li, actuellement exposé à la galerie L&M de New York.

Chen Jiagang - Courtesy Paris-Beijing Photo Gallery
Artistes chinois… tendance oblige !

Les artistes chinois sont évidemment bien représentés par des galeries spécialisées comme Chinese Contemporary (UK) ou les deux galeries chinoises présentes: Paris-Beijing Photo Gallery et Xin Dong Cheng Gallery. Paris-Beijing Photo Gallery a choisi de présenter les photographies de Chen Jiagan tirées de sa série "Third Front". Réflexion poétique et inquiète sur l'avenir et le passé de la Chine, la série fait revivre ce qu'il reste d'une région désertée par ses travailleurs.

La galerie Benamou qui expose une majorité d’artistes asiatiques a également choisi de n’exposer que des artistes chinois, notamment Huang Yan dont on découvre les immenses toiles récentes de visages peints, très spectaculaires, qui font écho aux photographies du même thème et qui nous sont plus familières. On trouve également des oeuvres « chinoises » un peu partout, disséminées dans les stands de nombreuses galeries. Opportunisme ou coup de cœur véritable des galeristes ? En tous cas, on ne fait pas de grandes découvertes...

La belle initiative des « Traversées » de l’Orient à l’Occident

Le même constat s’impose au fur et à mesure de notre visite, une bonne surprise toutefois : l’initiative d’ouverture vers les pays du monde arabe, avec trois galeries (Syrie, Tunisie et Iran) et une exposition en particulier, « Traversées », qui présente les oeuvres d’une vingtaine d'artistes émergents en dialogue avec des artistes plus reconnus, comme Gahda Amer ou Kader Attia.

« Cette invitation au dialogue entre les différentes approches artistiques fait écho à Artparis-AbuDhabi dont la première édition, en novembre dernier, a été couronnée de succès : plus de 9 000 visiteurs et collectionneurs sont venus plébisciter cette rencontre interculturelle. » Organisée par Brahim Alaoui, commissaire d’exposition et historien d’art, l’exposition s’étend sur 200 m2 et propose un panorama de la création contemporaine arabe, avec des artistes originaires de plusieurs pays et travaillant sur des medias divers. Leurs oeuvres utilisent le langage et reflètent les préoccupations du monde contemporain, mais elles traduisent aussi avec complexité leurs identités propres, leurs histoires, le lien entre l’Orient et l’Occident et les tensions actuelles. Détournant souvent le sens des images ou l’usage de matériaux commun, une signification nouvelle apparaît, interpellant le spectateur.

Adel Abidin, Tasty - Courtesy Adel Abidin
Adel Abidin, artiste de 35 ans né à Bagdad et vivant aujourd’hui à Helsinki, traite par exemple avec humour de sujets comme la religion ou le fondamentalisme. Dans la vidéo présentée à Artparis, « Tasty », une fourmilière est placée près d’une mosquée faite de cubes de sucre, pour être bien sûr très vite investie et consommée par les fourmis.  Ghada Amer, artiste née en 1963 au Caire et travaillant aujourd’hui à New York, fait quant à elle référence au rôle des femmes et à leur image dans la société, avec sa toile « Three Lines for Shirda » (2005). Utilisant la broderie, activité traditionnellement dévolue aux femmes, elle reproduit des images érotiques tirées de magazines pornographiques, remettant en question les tabous et clichés, le tout avec une grande sobriété esthétique. C’est également la sobriété qui prime dans les peintures de Djamel Tahtah (né en 1959 à Saint-Chamond, vit à Paris), notamment avec son grand tableau quasiment monochrome vert, « Sans titre » (1999), dans lequel un personnages masculin, jeune, pâle et triste, semble flotter en bas de la toile tel un exilé ou un exclu.

Légitimement mise en avant par les organisateurs, l’exposition donne envie de s’intéresser davantage aux artistes de cette région, qui sont en général peu présents dans les foires et qui doivent souvent émigrer dans les pays occidentaux pour pratiquer leur art librement. On se réjouit donc que cette initiative culturelle ait connu un vif succès, tant auprès du public qu'auprès des professionnels: « bien que les oeuvres n’aient pas été à vendre, elles ont suscité de nombreuses convoitises. Les pièces auraient trouvé preneurs à plusieurs reprises et les jeunes artistes qui n’étaient pas encore en galerie ont tous trouvé des marchands désireux de les représenter » confient les organisateurs. L’exposition « Traversées » est à présent appelée à poursuivre son voyage sur les routes de l’art : au Japon, en Espagne puis en Italie.

Un nombre de visiteurs record et des ventes qui s’envolent

Si la foire nous a paru un peu terne en terme de nouvelles découvertes, elle a pourtant attiré cette année plus de 41 000 visiteurs (soit une augmentation de 15 % par rapport à l’édition précédente). Parmi les visiteurs internationaux, majoritairement européens, Artparis a accueilli un nombre croissant d’aficionados d’art venus de Russie et d’Iran. Les œuvres se sont envolées, à des prix toujours plus fous : ainsi Guy Pieters a cédé son oeuvre de Fontana pour un million d’euros. Son stand, peuplé de sculptures de Jan Fabre, en a vu partir quatre, aux alentours de 250 000 - 300 000 euros pour chaque. Sans oublier la grande tortue (Searching for Utopia) qui accueillait les visiteurs sur le perron du Grand Palais : elle s’est « échappée » pour quelques 800 000 euros vers une fondation coréenne.


JGM s’est aussi départi d’une pièce de taille : une grande statue de Niki de Saint Phalle, dansant pour 600 000 euros. Elle achèvera ses petits pas dans une fondation suisse. Sur son stand, un tableau de Keith Haring a aussi été cédé pour 90 000 euros. Laurent Strouk s’est séparé d’une toile de Jean Hélion pour 250 000 euros et le reste de son stand, consacré au Pop Art, a aussi trouvé preneurs pour les oeuvres d’artistes comme Andy Warhol, Robert Indiana ou Keith Haring, vendues entre 100 000 et 150 000 euros. Côté pop art, Hafenrichter & Flügel a également cédé un Wesselmann pour 42 000 euros.

Chez Rive Gauche, les femmes nues de Mel Ramos s’offraient pour 350 000 euros. Mais le romantisme était aussi de mise avec un coeur de Jim Dine à 300 000 euros - on peut actuellement retrouver les œuvres de l’artiste à la galerie Templon, avec une exposition consacrée à Pinocchio.

Dans la galerie Lasés, une toile de l’inventeur de l’abstraction lyrique, Hans Hartung, a trouvé acquéreur pour 140 000 euros, tandis qu’un grand collage de Pierrette Bloch a fait le bonheur d’un autre, sur le stand de la galerie Lucie Weill & Seligmann, moyennant 100 000 euros. A la galerie Lelong, la Fontaine de Paul Reyberolle est partie pour 100 000 euros également. De nombreuses oeuvres d’Alechinsky ou de Jan Voss lui ont emboîté le pas, à des prix avoisinant les 60 000 euros.


Egalement des succès

La galerie Oniris, spécialisée dans l’abstraction géométrique, a vendu plus de vingt oeuvres dont deux créations de François Morellet (pour 40 000 euros pièce) et une d’Aurélie Nemours, à 38 000 euros. Ces papes de l’histoire de l’art entraînent aussi dans leurs sillages la découverte de jeunes artistes ou l’achat de ceux qu’on nomme les « middle carrer » dont fait partie Norman Dilworth. Ce dernier présentait une sculpture dans le parcours Pièce Unique, partie orner le jardin d’un particulier pour 30 000 euros.

Arrivées en force depuis quelques années et encouragées par des ventes fructueuses, de nombreuses galeries d’art actuel sont revenues en 2008. Jean Brolly s’est ainsi départi de plusieurs tableaux de Daniel Schlier dès le premier jour. Le peintre Nicolas Chardon a aussi connu un beau succès et la fin du salon s’est concrétisée par la vente d’un François Morellet à 78 000 euros.

Andrei Molodkin, Galerie Orel Art
Andrei Molodkin s’est très bien vendu chez Orel Art qui a notamment laissé partir une grande toile pour 45 000 euros. Chez Maruani & Noirhomme, qualité et quantité ont aussi séduits les collectionneurs, qui se sont emparés de plus d’une dizaine de pièces entre 15 et 40 000 euros dont les stars étaient Jan Fabre, David La Chapelle et David Sale. Ghislaine Hussenot a aussi largement vendu ses oeuvres, tout comme Nathalie Obadia, qui a trouvé preneur pour chacun de ses artistes.

Succès aussi pour Eric Dupont, avec des transactions oscillant entre 3 000 et 20 000 euros. Cette année, son artiste Damien Cabanes a notamment séduit les collectionneurs par une nouvelle série de céramiques. Un médium qui a définitivement la cote à l’heure actuelle et que l’on retrouva façonné par la main de Gérard Traquandi chez Laurent Godin. Ce dernier a concédé une quinzaine de pièces, parmi lesquelles les photographies de Rajak Ohanian. Patricia Dorfmann, qui faisait ses premiers pas à Artparis, en est repartie satisfaite avec son quatuor d’hommes composé de Michel Journiac, Eric Corne, Yann Thoma et Zevs. Plus de dix oeuvres ont trouvé preneur, avec une moyenne de 15 000 euros par pièces.

Succès photographiques…

Cette année, une allée d’Artparis a été spécialement déléguée aux galeries défendant la photographie contemporaine. Quatorze galeries s’y sont installées et se sont révélées très satisfaites des ventes occasionnées.

Boris Bendikov & Leonid Tishkov -
C’est notamment le cas pour de nouveaux exposants comme CM Art, L’Instant et Paris-Beijing Photo, qui ont enregistré de nombreuses ventes autour de 10 000 euros. Les petits prix généralement pratiqués permettent de s’adresser aux jeunes collectionneurs et de vendre, comme chez Acte 2 ou Philippe Chaume, une quarantaine de clichés s’échelonnant de 1 500 à 15 000 euros. Ces ventes, en hausse par rapport à l’année précédente, assoient la photographie comme l’une des tendances fortes du salon.

Pour sa première participation, La Navire a eu le vent en poupe puisqu’elle a vendu une quinzaine de photographies de Jacques Bosser, entre 2 000 et 15 000 euros. Toujours dans la photographie, la galerie Dina Vierny a cédé plusieurs grands clichés de Frank Horvat pour des prix avoisinant les 20 000 euros.


Chez RX, les collectionneurs ont particulièrement apprécié les photographies de Georges Rousse, dont une rétrospective est actuellement présentée à la MEP, mais aussi les grands lavis doux mais étranges de Françoise Pétrovich. La galerie Françoise Paviot avait fait le choix de rester parmi ses confrères plus généralistes en présentant des supports divers. Une stratégie qui lui a permis malgré tout de céder des photographes contemporains, ainsi qu’un tirage de Man Ray à 30 000 euros.

Photos...

Erro,
Sans titre, Série Playback, 2006
Peinture glycérophtalique sur toile 38 x 50 cm
Courtesy Galerie Louis Carré & cie

Chen Jiagan, série "The third front"
Courtesy
Paris-Beijing Photo Gallery
Huang Yan, Bamboo, 2007 huile sur toile 200 x 200cm - Galerie Benamou

Keith Haring, "Untitled", 1981, Courtesy Galerie Laurent Strouk

Andrei Molodkin, "Human Rights & $"
Installation en acryllique et pétrole
Courtesy Galerie Orel Art

Boris Bendikov & Leonid Tishkov
"Red piano" - c-print sur aluminium - 120 x 127
Courtesy Galerie CM Art

Huang Yan, "Bamboo", 2007. Huile sur toile 200 x 200cm
Courtesy Galerie Albert Benamou

A noter : l
es prochains rendez-vous d’Artparis…

A Shenzhen du 16 au 19 mai 2008, lors de l’ICIF
International Cultural Industries Fair
www.cnicif.cnci.gov.cn

A Abou Dhabi du 17 au 21 novembre pour la seconde édition d’artparis-abudbabi
www.artparis-abudhabi.com

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